Thérèse Forget Casgrain, née le 10 juillet 1896 et décédée le 3 novembre 1981 à Montréal est une féministe et une femme politique canadienne.
Thérèse Casgrain
BIOGRAPHIE
Thérèse Casgrain est née à Montréal le 10 juillet 1896. Elle est la fille de Blanche MacDonald et de Rodolphe Forget, avocat, financier, homme politique conservateur et philanthrope. Elle épouse le 19 janvier 1916 l'avocat Pierre-François Casgrain, qui fut député fédéral de Charlevoix—Montmorency et de Charlevoix—Saguenay et devint président de la Chambre des communes et secrétaire d'État dans le gouvernement King. Ils ont eu deux filles et deux garçons (Hélène, Renée, Rodolphe1et Paul).
Toute sa vie elle participe à des activités politiques, sociales et syndicales :
après la Première Guerre mondiale, elle siège au Conseil fédéral du salaire minimum ;
dans les années 1920, elle plaide en faveur de nombreuses réformes, dont la principale est l'obtention du droit de vote pour les femmes ;
elle est présidente de la Ligue pour les droits de la femme de 1928 à 1942 ;
elle cofonde la Ligue des jeunes francophones, les Charités fédérées francophones et la Société des concerts symphoniques de Montréal ;
elle fait partie du Conseil de la santé au Canada et du Conseil canadien du développement social ;
durant la Seconde Guerre mondiale, elle aide à mettre sur pied la Commission des prix et du commerce en temps de guerre ;
elle contribue à la fondation de la Division de la consommation de cette Commission ;
Elle fonde en 1961 la division québécoise du mouvement La Voix des femmes dédié à la paix dans le monde.
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Pour le vote des femmes
Elle est connue pour avoir dirigé le mouvement pour le vote des femmes au Québec, avant la Seconde Guerre mondiale. Elle commence à s'impliquer en 1921 et la victoire est atteinte en 1940.
L'engagement politique
Thérèse Casgrain donne une conférence à la Coopérative de consommation La Familiale rue Saint-Hubert à Montréal 14 janvier 1945
En 1942, lors d'une élection fédérale partielle, elle se présente en tant que candidate « libérale indépendante » dans la circonscription de Charlevoix-Saguenay2.
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En 1946, elle adhère au parti Co-operative Commonwealth Federation (CCF), connu en français sous le nom de Parti social-démocratique (PSD). Elle devient vice-présidente du PSD en 1948. Elle dirige la branche québécoise du PSD de 1951 à 1957. Elle devient ainsi la première femme au Canada à être chef d'un parti politique2.
C'est une adversaire politique de Maurice Duplessis. Elle est candidate du PSD en 1952 lors d'une élection fédérale partielle dans Outremont—St-Jean, ainsi que lors des élections générales fédérales de 1953 (dans Jacques-Cartier—Lasalle), de 1957 (dans Villeneuve) et de 1958 (dans Jacques-Cartier—Lasalle) et candidate du Nouveau Parti démocratique (NPD) dans Outremont—St-Jean lors des élections générales fédérales de 1962 et de 19632.
En 1966, elle fonde la Fédération des femmes du Québec pour coordonner les divers organismes de la province constitués de femmes; le regroupement est reconnu au Canada en 1967, l'année choisie par les Nations Unies pour célébrer les droits de la personne.
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Elle occupe aussi la présidence de la Ligue des droits de l'homme, du Comité du secours médical du Québec au Viêt-Nam et de la section francophone de l'Association canadienne pour l'éducation des adultes. Elle est également vice-présidente du Comité consultatif de l'administration de la justice au Québec.
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En 1969, elle devient présidente québécoise de l'Association des consommateurs du Canada, dont les pressions ont conduit à la création du poste de ministre canadien de la Consommation.
En 1970, le premier ministre Pierre Trudeau la nomme au Sénat du Canada, où elle siège comme sénatrice indépendante2. Elle n'y siège que neuf mois avant d'atteindre 75 ans, l'âge limite pour occuper la fonction.
Fin de carrière
Thérèse Casgrain, en 1980.
Dans la dernière décennie de sa vie, elle s’engagera pour les droits des femmes amérindiennes. Elle s'active pour des œuvres de charité et pour les droits des consommateurs.
Durant la campagne référendaire de 1980, elle se positionne contre l'indépendance du Québec. Dans l'Affaire des Yvettes, elle réprimande Lise Payette, alors ministre de la Condition féminine3.
Elle meurt le 3 novembre 1981 à l'âge de 85 ans, elle est inhumée au cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal.
Commémoration
En 1982, la Fondation Thérèse F.-Casgrain a été créée pour perpétuer son souvenir et poursuivre son travail sur la justice sociale et la cause des femmes. Le fonds d'archives de la Fondation Thérèse F.-Casgrain est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
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En 1982, le gouvernement du Canada nomme en son honneur le prix Thérèse-Casgrain du bénévolat. En 2010, le gouvernement Harper le remplace par un Prix du Premier ministre pour le bénévolat5,6.
Le 17 avril 1985, un timbre-poste conçu par Muriel Wood et Ralph Tibbles a été émis en son honneur.
De 2004 à 2012, le verso des billets de 50 $ du Canada ont représenté Thérèse Casgrain ainsi que les Célèbres cinq et la Déclaration universelle des droits de l'homme7,5.
Thérèse Casgrain
La gauchiste en collier de perles
Nicolle Forget
Préface de Monique Bégin
Thérèse Casgrain est un formidable personnage qui a traversé presque tout le siècle dernier. On se souvient d’elle surtout pour avoir été la « suffragette en chef » lors de la longue marche des femmes du Québec vers l’obtention du droit de vote. Mais là ne se résume pas son influence sur la société québécoise et canadienne.
Issue de la grande bourgeoisie canadienne-française du début du vingtième siècle, Marie-Thérèse Forget aurait pu se contenter de consacrer ses loisirs aux réceptions et aux œuvres pies, comme les femmes de son milieu. Profondément éprise de justice, elle s’investit au contraire dans des batailles de toutes sortes, mettant à profit son temps, son argent, son sens de l’organisation et son vaste réseau de connaissances. À contre-courant de son milieu, de sa classe et de son sexe, elle est convaincue qu’elle peut infléchir le cours de l’histoire et s’y emploiera jusqu’à la fin.
C’est son aversion pour l’injustice, qui la mène vers l’action politique. Première femme chef de parti au Québec et au Canada, elle dirige le CCF et sera du comité qui présidera à la transformation de ce parti en ce qui deviendra le NPD, en 1961. Pour Thérèse, la politique est d’abord et avant tout l’instrument des réformes sociales. Outre le droit de vote des femmes, elle réclame pour elles le droit de pratiquer la médecine et le droit, ainsi que la pleine capacité juridique pour les femmes mariées.
Elle se battra également pour que les allocations familiales soient versées à la mère au Québec, pour la paix dans le monde et pour les droits des Amérindiennes.