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 Les coureurs des bois

Dans cet article sur la vie et les aventures des coureurs des bois, on se doit de recon-naître les phases de la vie du valeureux  NICOLAS FORGET DIT DESPATIS.

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                         LES PRÉDISPOSITIONS CANADIENNES À COURIR LES BOIS

Au cours de la deuxième moitié du 17e siècle, la majorité des nouveaux venus français dans la vallée du Saint-Laurent se mariaient et devenaient agriculteurs. Leur jeunesse née au pays, quant elle, préférait souvent remettre à plus tard la vie sédentaire ou pouvait même y renoncer complètement pour embrasser une vie de voyage et de liberté.

Moteur économique de la colonie depuis ses origines, le commerce des fourrures interpelait tous les groupes sociaux en Nouvelle-France, alors que l’habitant et le coureur de bois ne constituaient souvent qu’une seule et même personne. Chaque année au printemps, les perspectives de profit et l’appel de l’aventure poussaient des centaines d’hommes à s’embarquer en canot pour l’Ouest, transportant des marchandises entre Montréal et l’intérieur du continent.

À compter des dernières décennies du 17e siècle, le coureur de bois s’imposait comme une figure omniprésente dans la société canadienne. L’historien Jacques Mathieu évalue qu’avant 1700, un homme sur deux avait fait le voyage au pays des Autochtones de la région des Grands Lacs. Quant à l’intendant de la colonie, Jacques Duchesneau, il estimait en 1680 qu’on trouvait « au moins un coureur de bois dans chaque famille ». Plusieurs d’entre elles en firent même une spécialité de génération en génération, notamment les Cardinal, les Hubert-Lacroix, les Tessier, les Trottier, les Ménard, les Réaume, les Gareau, les Rivard et combien d’autres.18

Pour s’enfoncer dans les profondeurs de l’arrière-pays et vivre parmi les Premières Nations, il fallait déjà avoir été ensauvagé. Dès l’enfance, nombreux étaient initiés aux rigueurs du voyage par le paternel ou les grands frères, plus expérimentés, qui avaient appris les voies de l’Autochtone, ses habiletés techniques et ses savoirs de l’environnement naturel. Lors des longues veillées d’hiver, assis tout oreille au bord du feu de foyer, ces jeunes se voyaient captivés par les récits des anciens et s’enthousiasmaient de leurs aventures et leurs exploits.

Baignant dans une culture masculine qui valorisait la force et l’endurance physiques, la bravoure et les prouesses, les Canadiens n’avaient rien de paroissial. Capables de s’accommoder de presque n’importe quelles conditions, n’importe où — au sud jusqu’au golfe du Mexique, à l’ouest vers les montagnes Rocheuses et au nord, jusqu’à la baie d’Hudson — l’Amérique entière était à leur portée.

Durant la même période, les colons anglo-américains n’avaient toujours pas réussi à franchir, à l’est, le massif des Appalaches.

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                                                                                           Source: Marco Wingender

 COUREURS DE BOIS | DES VOYAGES ÉPIQUES ET PÉRILLEUX

Aux 17e et 18e siècles, le fleuve Saint-Laurent, la rivière des Outaouais et les Grands Lacs offraient aux Canadiens un accès direct à l’intérieur du continent. Pour ceux que le travail de la terre rebutait et qui préféraient une vie plus aventureuse, l’Ouest était une porte grande ouverte sur une vaste contrée sauvage où vivaient une myriade de peuples autochtones.

Les coureurs de bois constituaient un genre complètement distinct des colons anglais. Visant à aller collecter des ballots de fourrures auprès de tribus lointaines, leurs voyages exigeaient d’avancer sur des milliers de kilomètres, aviron à la main, le canot rempli de couvertures, d’armes, d’outils en aciers de toutes sortes et autres.

Se déplacer dans l’arrière-pays signifiait affronter le tumulte de l’eau à bord de canots d’écorce qui menaçaient de se renverser à tout moment au milieu des remous, des vagues, des rochers ou des souches d’arbre.

Devant les courants trop puissants, on tirait les embarcations par une corde en pataugeant dans les eaux vives jusqu’à la taille. Lors des portages, il fallait transporter de lourdes cargaisons, jusqu’à 200 livres, avec une courroi passée sur le front, tandis que le canot, renversé, était porté sur la base du cou. Ces épreuves d’endurance pouvaient parfois se prolonger durant des jours.

L’insécurité était la compagne de ces intrépides des bois, alors que les maladies, les accidents, la noyade et les violences intertribales demeuraient des menaces quotidiennes.

C’est grâce à ces milliers de braves hommes, et les liens qu’ils ont tissés avec les Premières Nations, que la France pouvait se vanter d’occuper un continent presque entier.

 Source : Marco Wingender

illustration : Patricia Bellerose

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