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Une icône incontournable du passé Nord-Américain

Dans le Canada du 17e siècle, la frontière entre l’espace colonial français et l’Amérique autochtone consistait en une série de bases et de plus petits postes situés sur le bord des rivières coulant de l’arrière-pays — tel un tissu civilisationnel se diluant à mesure qu’on s’enfonçait dans la nature sauvage.

Au sein du périmètre de la vallée du Saint-Laurent, les travaux de défrichement de la terre étaient ardus et s’y dédier exclusivement ne convenaient pas toujours aux jeunes célibataires ou à tout habitant attiré par une vie plus aventureuse. D’autant plus, l’agriculture ne permettait pas de réaliser des profits rapides ou importants.

Pour les plus entreprenants ou ceux épris de voyages et de liberté, le fleuve Saint-Laurent, la rivière des Outaouais et les Grands lacs constituaient une porte grande ouverte sur l’Ouest, là où on l’on pouvait s'adonner à la traite des fourrures avec les Premières Nations.

Les origines de ce métier remontent au début du siècle, lorsque Samuel de Champlain — père-fondateur de la Nouvelle-France — avait mis en marche un processus de métissage culturel unique à l’échelle du continent.

Dans ses efforts de rapprochement avec les communautés autochtones afin de consolider et d’élargir le réseau français de traite pelletière, il leur avait confié au cours de sa carrière plusieurs dizaines de jeunes hommes afin qu’ils vivent parmi elles pour apprendre leurs langues et leurs coutumes. Ces derniers étaient appelés des "truchements".

Au fil du temps, le nombre de ces esprits aventuriers continua de croître et bientôt, ils seront des centaines, voire des milliers, à quitter annuellement les établissements de la vallée du Saint-Laurent pour aller commercer avec les Autochtones.

À compter des années 1670, ces hommes commencèrent à se faire connaître sous le nom de "coureurs de bois". Ceux-ci constitueront un genre complètement distinct des colons anglais qui — confinés au littoral atlantique à l’est des Appalaches — s’aventuraient rarement au-delà de leurs champs soigneusement défrichés, clôturés et gardés.

Ces Canadiens voyageaient vers les "Pays d’en Haut" — cette vaste région sauvage à l’ouest de l’île de Montréal et couvrant tout le bassin des Grands Lacs — à bord de frêles embarcations, transportant leurs lourdes cargaisons de marchandises européennes sur des distances interminables.

Dans un esprit de respect et de réciprocité, ils y séjournaient et y établissaient des points d’échange pour obtenir des fourrures de leurs partenaires commerciaux autochtones et les ramener vers la vallée du Saint-Laurent.

Représentants d’une colonie européenne naissante en Amérique, ces hommes d’élite, polyglottes et initiés aux cultures autochtones s’imposèrent comme des intermédiaires culturels indispensables dans l’accomplissement de la Grande Alliance franco-autochtone — véritable colonne vertébrale de la présence française sur le territoire.

Partout où le canot pouvait aller, les coureurs de bois se rendaient. C’est grâce à leur présence ainsi qu’aux liens diplomatiques, commerciaux et personnels qu’ils sauront tisser avec les peuples autochtones que le roi de France pourra se permettre de revendiquer — devant les autres puissances impériales européennes — son droit d’occuper une vaste zone s’étendant au 18e siècle des Maritimes, à l’est, aux Grandes Prairies à l’Ouest, jusqu’à la vallée du Mississippi et le golfe du Mexique au sud.

De plus, dans l’ADN de ces "Autochtones blancs" apparurent de nouveaux traits qui marquèrent et orientèrent l’imaginaire de tous les habitants du Canada : l’insoumission devant les dictats de l’ordre colonial et religieux, l’attirance pour les charmes irrésistibles de la femme autochtone, l’ivresse des grands espaces, un mépris du danger et une passion viscérale pour la liberté.

Source de l’illustration : Angus McBride

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