Cercle humaniste sur la colonisation
L’INFLUENCE DES CERCLES HUMANISTES SUR LA COLONISATION FRANÇAISE DE L’AMÉRIQUE DU NORD
Au cours de la première décennie du 17e siècle, la nature des relations diplomatiques entre les Français et les Autochtones prit une trajectoire historique singulière, plus cordiale et plus égalitaire que celles de toutes les autres colonies rivales à l’échelle des Amériques.
Selon le renommé historien américain David Hackett Fischer, l’instauration de ce rapport égalitaire fut l’œuvre d’un petit groupe d’hommes aux influence humanistes qui gravitaient autour du roi Henri IV entre 1585 et 1610. Qu’il s’agisse du grand philosophe Michel de Montaigne ou de noms moins connus tels qu’Aymar de Chaste, Pierre Jeannin, Charles II de Cossé-Brissac, Nicolas Brûlart de Sillery, Pierre Dugua de Monts ou même le bon vivant François Pont-Gravé, ces hommes demeurent des figures importantes de l’histoire moderne.
Héritiers des idées de la Renaissance et précurseurs du siècle des Lumières, ils vivaient à une époque de conflits sanglants, marquée par une quarantaine d’années de luttes religieuses, plusieurs guerres civiles en France et d’innombrables morts.
S’inspirant de grands idéaux universalistes de paix et de tolérance, leurs principes ne s’appuyaient pas sur les notions modernes de liberté et d’égalité, mais ils croyaient néanmoins que tous les êtres humains étaient des enfants de Dieu et que chacun possédait une âme immortelle. S’opposant aux pensées superstitieuses et obscurantistes issues du Moyen-Âge, ils se dévouaient à la raison et encourageaient la quête scientifique, comprise au sens large de la connaissance et de la vérité.
Ces hommes n’étaient pas de simples utopistes espérant naïvement le paradis sur terre. Des décennies de conflits religieux et de violence avaient plutôt fait d’eux des réalistes. Les horreurs dont ils avaient été témoins leur avaient conféré un sentiment d’urgence pour des valeurs d’humanité. Il s’agissait d’un phénomène générationnel. Dans cette ère trouble et violente, ils maintiendront en vie l’impulsion humaniste.
À plusieurs égards, ces personnages joueront un rôle vital dans le destin de la Nouvelle-France. Après maintes tentatives échouées de colonisation, ils seront les premiers à réussir à implanter une colonie permanente dans la vallée du fleuve Saint-Laurent. Pour ce faire, ils privilégieront les alliances avec les Premières Nations plutôt que la conquête par la force.
Au cœur de ces cercles d’influence se trouvait aussi un jeune géographe de Brouage, soldat du roi et marin aguerri. Brillant, courageux et habité d’une profonde fascination pour le Nouveau Monde, c’est lui, plus que tout autre, qui mènera la charge de l’aventure française en Amérique. Samuel de Champlain.
Source : Marco Wingender